Chronique spéciale Jeux Olympiques N°18

Les divers boycotts et exclusions aux Jeux Olympiques
7 mai 2024 par
Chronique spéciale Jeux Olympiques N°18
Pauline Gaston-Condute


Chronique spéciale des Jeux Olympiques N°18
Chaque semaine nous vous proposons de revisiter l’histoire des Jeux Olympiques, ses origines, ses valeurs, ses champions, son palmarès avec notre chronique spéciale Jeux Olympiques Paris 2024 en compagnie de Pauline, GASTON-CONDUTE, Inès SOUIFI et  Laurent GARNIER.  

Aujourd’hui dans cette nouvelle chronique nous allons plonger dans l’histoire mouvementée des Jeux Olympiques, en explorant les divers boycotts et exclusions qui ont marqué cet événement mondial depuis sa création en 1896.

Les Jeux Olympiques, conçus comme un symbole d’unité et de paix à travers le sport, ont souvent été le théâtre de tensions politiques et sociales qui ont conduit à des boycotts et à des absences notables. 

Le premier grand boycott des Jeux Olympiques modernes remonte à 1936, lorsque plusieurs nations, dont l’Espagne républicaine et l’Union soviétique, ont décidé de ne pas participer aux Jeux de Berlin pour protester contre les politiques du régime nazi en Allemagne et la politique discriminatoire du régime d’Hitler.

À Melbourne en 1956, six pays boycottent les JO. L’Égypte, l’Irak et le Liban protestent contre l’occupation franco-anglaise du canal de Suez, tandis que l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse manifestent leur désaccord avec l’intervention soviétique en Hongrie.

En 1976 cette fois, les Jeux ont été marqués par le boycott de plusieurs nations africaines. C’est l’un des épisodes des JO les plus méconnus de l’histoire olympique malgré son importance. En 1976, de nombreux pays d’Afrique boycottent les Jeux olympiques organisés à Montréal. Le boycott est massif et sans précédent. C’est presque tout un continent qui refuse de participer aux épreuves olympiques. Les pays africains dénoncent la présence de la Nouvelle-Zélande. Ils reprochent à l’équipe de rugby de ce pays de l’hémisphère sud, les All Blacks, d’avoir effectué une tournée en Afrique du Sud où l’apartheid est mis en place. Le Comité international olympique refuse d’exclure la Nouvelle-Zélande car « le rugby est un sport qui échappe entièrement à l’emprise du Comité International Olympique ». Le 16 juillet, la veille de la cérémonie d’ouverture, certains pays comme le Nigeria rapatrient leur délégation et sportifs nationaux. D’autres pays participeront à la cérémonie d’ouverture mais pas aux épreuves sportives. En tout, ce sont 22 délégations olympiques, en grande partie de pays africains, qui boycotteront ces JO. C’est la désillusion pour certains athlètes qui étaient les favoris pour remporter la médaille d’or. Parmi eux, le Tanzanien Filbert Bayi sur 1 500 m et l’Ougandais John Akii-Bua, détenteur du titre olympique sur 400 m haies, obtenu à Munich en 1972.

En 1980, le boycott des JO de Moscou est une histoire plus connue, en tout cas pour sa version officielle. Les États-Unis refusent de participer à ces olympiades prévues en Union soviétique. En cause, l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques. D’autres épisodes de la Guerre froide ont été plus tendus entre les deux puissances comme la crise des missiles de Cuba en 1962, mais le président des États-Unis de l’époque, Jimmy Carter, veut profiter des Jeux olympiques pour poser un ultimatum à l’URSS pour qu’elle retire ses troupes. La réponse sera bien sûr négative, et en février 1980, les États-Unis se retirent des Jeux olympiques de Moscou, six mois avant le début des Jeux.

Quatre ans plus tard, en 1984 c’est à Los Angeles qu’ont lieu les Jeux. C’est au tour de l’URSS de boycotter les Jeux olympiques organisés chez l’ennemi américain. Pour justifier cette absence, les Soviétiques invoquent les conditions de sécurité des athlètes. Elles ne seraient pas réunies dans une ville comme Los Angeles. 

Autre raison invoquée par l’URSS, la politique étrangère des États-Unis est jugée trop colonialiste et violerait donc la Charte olympique. Mais pour beaucoup, cette absence s’explique par une volonté de revanche de la part des Soviétiques.

D’autres pays issus du bloc soviétique boycottent ces Jeux de Los Angeles, notamment l’Allemagne de l’Est, l’Angola, la Bulgarie, Cuba, l’Éthiopie, la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie ou le Vietnam.

Plus récemment, les Jeux Olympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro ont été marqués par le scandale du dopage en Russie, qui a conduit à la suspension de nombreux athlètes russes et à une participation réduite de la délégation russe dans certaines disciplines.

Passons maintenant aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Ces jeux sont marqués par une controverse majeure impliquant la Russie. En mars dernier, le Comité international olympique (CIO) a pris la décision d’exclure de la cérémonie d’ouverture les sportifs russes et biélorusses qui participent aux Jeux Olympiques de Paris 2024 sous bannière neutre. Cette décision a été motivée par la guerre menée par la Russie en Ukraine, suscitant une réaction forte de la part du gouvernement russe, qui s’est dite « scandalisée » par cette mesure. Cette exclusion souligne les tensions géopolitiques qui peuvent affecter la participation des athlètes aux Jeux Olympiques, mettant en lumière les défis auxquels est confronté le mouvement olympique dans son aspiration à promouvoir l’unité et le respect à travers le sport.

Suite à cette exclusion, seulement entre 36 et 55 athlètes russes, ainsi qu’entre 22 et 28 Biélorusses, devraient être présents à Paris, selon les estimations des experts du CIO. Cette limitation draconienne découle de trois principes énoncés par le CIO dans une décision rendue en décembre dernier. Tout d’abord, les équipes collectives russes et biélorusses ont été écartées des Jeux

Ensuite, les athlètes sous contrat avec l’armée ou des agences de sécurité nationales ont été interdits de participation aux compétitions. 

Enfin, le CIO a averti qu’il exclurait, après un examen minutieux, tous les sportifs ayant publiquement soutenu l’invasion de l’Ukraine. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la mission de paix du mouvement olympique, soulignant l’engagement continu des Jeux Olympiques en faveur de la promotion de la paix et de l’unité dans le monde.

Ces boycotts et exclusions, qu’ils soient motivés par des considérations politiques, sociales ou sportives, soulignent les défis auxquels les Jeux Olympiques sont confrontés en tant qu’événement mondial. Malgré ces obstacles, les Jeux Olympiques continuent d’inspirer des millions de personnes à travers le monde et de promouvoir les valeurs de paix, d’unité et de respect.

Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle chronique JO, où nous vous parlerons du parcours de la Flamme Olympique avec un focus particulier sur le passage dans l'Occitanie.


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Chronique spéciale Jeux Olympiques N°18
Pauline Gaston-Condute 7 mai 2024

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